Voici plus bas le texte d'une
entrevue avec Béatrix Marik, directrice de publication à TVA publications, en septembre 2012. J'ai surnommée Béatrix "la marraine-fée de la collection LES YEUX DE FLORENCE".
Comme dans les contes, une marraine-fée protège le berceau de son ou
de sa protégée. Elle lit en son âme, perçoit ses dons mieux que
quiconque, dit-on. Elle l'accompagne sur son chemin de vie qu'elle sait
couvrir par moments de si belles étincelles. »
Lydia
Entrevue avec Béatrix Marik
Émission Santé en direct
CJLV 1570AM
29 septembre 2012
Lydia Renoir : Bonjour Béatrix. Ça va bien?
Béatrix Marik : Ça
va très, très bien. Je viens de terminer ton dernier roman qui, comme
les quatre précédents nous plonge dans un univers absolument magique.
Lydia : Tu as eu le temps de terminer?
Béatrix : Oui,
sachant qu’on allait s’en parler ce matin. Mais c’est pas difficile,
lorsqu’on plonge dans un de tes romans, de vouloir le lire d’une traite.
Lydia : Écoute, ça me touche beaucoup parce que c’est tellement intense, écrire.
Béatrix : Oui,
c’est très intense. Et ce que j’apprécie, c’est ta plume qui est à la
fois féminine et puissante, et évocatrice de tellement d’images que
c’est comme si c’était à chaque fois la visite d’un musée humain…
Lydia : Ah, c’est bon!
Béatrix : …
d’un musée de la société. Et je trouve que ça ressemble énormément à la
personne que tu es dans la vie, Ã ce que tu fais dans la vie aussi,
d’écouter les gens, de les soigner, de concocter également des produits
de soins. Parce que tout ça, c’est global finalement, la santé de l’âme,
c’est aussi la santé du corps. Et je trouve que dans ce domaine, et tu
le sais, on s’en est maintes fois parlé, tu as en moi une disciple
convaincu.
Lydia : Je
le dis souvent, depuis 43 ans, dans le domaine de la naturopathie, en
consultation et aussi à l’émission, j’ai vu et entendu le théâtre humain
et moi, ça me touche. J’ai aussi moi-même mon expérience de vie, mes
propres réflexions, ma sensibilité. Et quand j’ai commencé à écrire…
parce que j’ai commencé à douze ans, suite au décès de ma meilleure amie
dans un accident d’auto…
Béatrix : Oui, je me rappelle.
Lydia : Ça
m’avait beaucoup chamboulée et ça a éveillé en moi une espèce de fibre
qui m’a amenée à écrire et puis, ça ne s’est jamais tari, mais
j’attendais… je me suis dit : « Plus tard, j’écrirai des romans. » Donc,
ça a commencé en 2001, cette belle aventure, sous le nom de plume de
Lydia Renoir et, c’est ça, tu connais mes romans. Tu avais déjÃ
d’ailleurs fait connaître mes romans à une chroniqueuse, Christine
Michaud, qui en a fait la recension à une émission de TVA.
Béatrix : Oui,
à la télévision. Donc, Madame Michaud avait parlé de « La petite fille
aux perroquets ». C’est sûr que moi, je suis ta plume depuis ton premier
roman dans la collection « Les yeux de Florence », avec « Les couleurs
de l’ombre ». Ne serait-ce que ce titre-là , comment peut-on résister?
Alors, on sent très bien qu’on va entrer dans un univers de couleurs de
clairs-obscurs et de toutes sortes de subtilités, que tu sais très bien
coucher sur papier parce qu’elles sont, comme tu l’as très bien suggéré,
un peu la transposition de ton vécu en tant que personne qui écoute,
qui entend et qui répond, aux questions des gens puis aussi à leurs
souffrances. Sauf que dans ta plume, ça se transpose d’une manière
tellement poétique! Tes personnages… on se demande si ton imagination a
des limites. Quand tu sors ton cortège de personnages et leurs prénoms
qu’on ne peut jamais oublier, les Jeanne la Pivoine et les Chérine de ce
monde… D’ailleurs, à ce sujet, j’encourage les gens à se procurer la
collection parce que ce n’est pas en se plongeant dans un dernier roman
d’une suite qu’on peut très bien plonger dans un univers qui a débuté
quatre tomes plus tôt.
Lydia : C’est
sûr, mais c’est un peu à l’image d’un train. J’ai mis des points de
repère pour aider les gens qui pourraient embarquer au dernier wagon.
Mais comme tu dis, Béatrix, avoir la collection, c’est un beau voyage.
Béatrix : Oui,
parce que c’est un début, c’est une prolongation et c’est
malheureusement aussi une fin. Mais cela dit, c’est certain qu’une
personne qui va tomber sur un deuxième ou troisième tome de la série va
quand même pénétrer dans ton univers, va être touchée par le niveau
d’écriture, qui est tellement nouveau! Il en est même difficile Ã
définir. C’est une écriture-peinture, je dirais. C’est une écriture
impressionniste, tantôt secrète, tantôt très révélée. C’est toujours
fait sur le fond d’une narration, comme si un peu tu confessais des gens
qui détiennent des grands secrets. Alors, c’est sûr que c’est fascinant
et la coloration des mots est tout à fait exquise. Moi, je viens de
terminer le dernier dont le titre pourra un petit peu en étonner
plusieurs. Il s’agit du Suicide sucré d'une poupée. Alors, sans
raconter l’histoire, on va à la rencontre de poupées, la poupée qui a
tout un symbole, si je peux me permettre de le dire ainsi, un rôle aussi
à jouer dans la société, et les relations que ces poupées auront entre
elles et la fin assez étonnante aussi…
Lydia : Dont on ne peut pas parler. (rire)
Béatrix : Dont
on ne peut pas parler, mais je veux dire que rien ne m’étonne de toi,
Lydia. On sait comment tu écris, que tu te fais un igloo, là …
Lydia : Oui, oui, un igloo littéraire.
Béatrix : C’est
ça, tu te réfugies donc en toi, pour nous sortir ces si jolies images
et ces histoires, je dirais inédites parce qu’avec toi, on ne sent pas
que tu reformules quelque chose. Je ne sens pas que tu écris dans les
mains de quelqu’un qui t’aurait précédé. C’est vraiment… ton sang
d’Amérindien… Tu as pris tes raquettes, là , puis tu explores ta forêt
vierge, ta neige intouchée. Et avec Suicide sucré dune poupée où on
part aussi à la découverte d’images folles comme les « poupées de pluie
», c’est tout à fait dans les couleurs de ce que tu as fait
précédemment, c’est une très belle prolongation et je ne sais pas,
Lydia, si toi tu es capable d’en parler un peu, sans divulguer ce qui ne
devrait pas l’être?...
Lydia : Oui, c’est ça, hein?...
Béatrix : Il
y a des auditeurs et auditrices à l’écoute qui t’ont suivie dans les
romans. On le voit dans les lancements, tu attires des gens, quand même,
qui ont déjà lu les précédents… des lecteurs acquis, si je puis dire.
Lydia : Oui,
exactement. Il y a des gens qui ont lu plusieurs fois mes romans et qui
viennent aux lancements. Mais c’est sûr, Béatrix aussi, quand j’écris,
oui, c’est ça, j’ai un univers particulier, j’ai des mots, des
expressions…
Béatrix : Oui, bien à toi.
Lydia : …
que j’invente et que j’aime inventer. On pourrait dire que c’est des
mots-pigments d’une certaine façon puisqu’on parle de peinture.
Béatrix : C’est
ta symbolique personnelle qui, je crois, a dû naître très, très tôt
dans ta vie, non seulement par tes origines, mais par la façon dont tu
as été éduquée, d’être très tôt sensibilisée à l’art. Alors ça a dû,
même silencieusement, encourager ce côté de toi.
Lydia : Oui,
c’est vrai parce que quand j’avais, je sais pas, dix ans je pense,
j’avais demandé d’avoir en cadeau… donc, je voulais commencer à peindre,
j’avais demandé un chevalet, que je n’ai pas utilisé. Et finalement,
mon père s’est emparé de ce chevalet et il a commencé à peindre. Et là ,
j’ai découvert les textures des pâtes d’huile, comment il travaillait
avec tout ça. Mon père s’intéressait à plusieurs peintres, il avait un
ami peintre aussi à l’époque. Alors ça, évidemment, sans qu’on s’en
rende compte, Béatrix…
Béatrix : Ça marque! Mais bien sûr, ça marque et c’est très formateur!
Lydia : Oui,
exactement. C’est très, très formateur et, jeune, j’ai commencé Ã
écrire des poèmes, bon… je sais pas, c’est un amalgame, hein? Et c’est
sûr que quand je dis, moi, que j’ai un style impressionniste et j’ai
pris le nom de plume de Lydia Renoir… Renoir… Moi, c’est ça… Quand on
dit « les impressionnistes », c’est quoi? Ça va avec le mot « impression
». Donc, l’impression qu’un peintre a de ce qu’il voit, non, il ne va
pas être un « figuratif » comme l’entend la fameuse formule classique
consacrée.
Béatrix : L’impressionnisme,
aussi, c’est l’impression du moment. Trente secondes plus tard, le
moment peut déjà avoir changé. Le niveau de clarté ou de soleil d’une
journée.
Lydia : Exact. Donc, on dit : « Les touches, les frottis de l’atmosphère fugitive de la vie ».
Béatrix : Absolument. Oui. C’est tout à fait ce qu’on retrouve dans ton œuvre écrite.
Lydia : Bien,
moi, c’est comme ça que je me sens, et à chaque moment du jour, je dis
qu’en moi-même « se déposent en mon âme des touches et des frottis ». Et
puis, pour ce qui est des personnages, Béatrix, je fais un concours
depuis quelques années…
Béatrix : « Devenez un personnage ».
Lydia : Oui. Il y a des gens qui se confient à moi et qui y participent.
Béatrix : C’est très nouveau d’ailleurs comme approche.
Lydia : Oui,
c’est assez spécial et cette année, comme tu as pu le voir, dans ce
roman-ci, on a une des premières ambulancières au Québec, Sylvie
Lamarre, qui est devenue Colette Leclerc et c’est très touchant, ce
qu’elle vit ou qu’elle a vécu.
Béatrix : C’est un témoignage.
Lydia : Oui,
aussi. Mais tout ça, ça fait un amalgame vraiment spécial parce que, un
moment donné, c’est presque magnétique. Il y a des gens qui viennent
vers moi… Il y a Cécil Pichereau, qui est une dame dont le nom est
vraiment Cécil Pichereau, qui est originaire de France. J’avais déjà ma
base de personnages et cette dame, Béatrix, elle a lu mes romans, je
pense, quatre fois chacun. Elle était tellement présente dans mes
pensées qu’elle a été carrément aspirée par le fil de l’histoire.
Béatrix : Bien,
c’est aussi autre chose. C’est que tes romans, fort heureusement, et on
peut pas dire ça de tous les romans… tes romans supportent une
deuxième, une troisième lecture. Souvent, on les aura terminés, on va
les reprendre quelque temps plus tard, pour redécouvrir encore d’autres
facettes, soit de l’histoire, soit des mots et des promesses que ces
mots-là contiennent. Alors, vraiment, c’est presque une histoire sans
fin avec l’auteure. Et même si on apprend qu’il s’agit là d’un cinquième
et dernier roman de la collection « Les yeux de Florence », on peut
déjà se prendre à souhaiter que ça ne s’arrêtera pas…
Lydia : Ah,
non, c’est sûr! Ça s’est passé comme ça, mais il y aura d’autres
romans, il y aura d’autres collections, c’est certain. Mais ça a été
vraiment un beau chemin, comme avec Jeanne la Pivoine. Je n’avais pas
pensé au départ qu’elle prendrait autant de place. C’est elle qui reste
accrochée à son personnage lorsqu’elle a fait une improvisation à la fin
du quatrième roman La tortue de cristal. On la retrouve au début du
cinquième, dans une ambulance. On pensait qu’elle faisait un AVC, mais
non, c’est un « grelot de sanglots » qui est logé dans les artères de
chiffon de son personnage. (rire) Tout un caillot dans le monde des
poupées!
Béatrix : Oui,
alors même si on sent que des sanglots, c’est de la détresse, c’est de
la peine et tout, mais déjà ça, c’est dit avec tellement de poésie.
C’est toute la symbolique aussi que tu nous donnes en cadeau. Il y a
tellement d’images! Quand ce ne sont pas des tissus, des voiles, ce sont
des poupées, ce sont des… On entre dans une vision animiste de la vie,
comme quoi ce qui pour certains serait inanimé, pour d’autres, ça a une
âme.
Lydia : Oui, et c’est porteur.
Béatrix : C’est porteur et c’est à la source même de ton écriture. Il y a de la vie partout.
Lydia : Oui,
et aussi, Béatrix, c’est comme l’image des poupées de pluie, par
exemple. Pour moi, ce fut été tellement intense, émouvant, quand
l’expression « les poupées de pluie » est vraiment montée en moi. C’est
une façon de représenter des pensées par des personnages de pluie. On
voit tout de suite que ça a un côté nostalgique, plus intériorisé, on
peut avoir de la tristesse… Mais j’exprime aussi dans le roman que,
aujourd’hui, on veut frigorifier ces poupées de pluie. On ne veut pas
toujours aller à leur rencontre. Et puis Jeanne le dit dès le début
lorsqu’elle est dans l’ambulance. Elle dit : « Il y a ici des poupées de
pluie » parce qu’elle perçoit qu’il y a des pensées de tristesse ou de
détresse qui sont restées dans l’ambulance et, je dirais, Béatrix, quand
on dit : « Quelle est la valeur d’une goutte d’eau ? »… On dit que l’or
bleu, l’eau de la terre, ne cesse de gagner en valeur avec l’altération
de l’environnement. Je dis : « Quelle est la valeur d’une goutte d’eau
de poupée de pluie? » Cette question est très importante.
Béatrix : Poupée
de pluie, ça fait référence aussi à de la transparence, à des larmes, Ã
de la nostalgie, à beaucoup de choses qu’on souhaite refouler.
Lydia : Oui,
et c’est important de retrouver nos poupées de pluie. On a besoin
parfois de moments nostalgiques ou de tristesse, pas pour rester avec
ces poupées-là , mais si on veut en ressortir, je pense que c’est
important avant tout de les rencontrer. Donc, il y a beaucoup d’images,
comme tu dis. Et puis c’est également une saga et il y a aussi de
l’humour.
Béatrix : Oui,
il y a toujours de l’humour et c’est une histoire surprenante, avec les
bouleversements qu’on a déjà connus dans tes différentes œuvres. Il y a
une structure qui est propre à toi. C’est vraiment… c’est très beau,
c’est à découvrir. Et surtout, on n’oublie pas. Après avoir lu du Lydia
Renoir, on a peut-être parfois de la difficulté à le raconter si
quelqu’un nous demande l’histoire. Ce n’est pas forcément un récit qui
va se narrer sur une base linéaire comme peuvent l’être d’autres types
d’écrits. Mais c’est une écriture terriblement marquante et c’est des
personnages inoubliables. Vraiment. Et en même temps, à travers tout ça,
il y a une puissance dans cette plume féminine qui, pour moi, est une
découverte. Voilà .
Lydia : Ah, c’est bon!... de l’entendre.
Béatrix : Bien oui.
Lydia : Ça fait du bien parce que c’est beaucoup d’efforts, tout ça, bien sûr des efforts joyeux, mais des fois… ouf!...
Béatrix : C’est
souffrant, écrire. C’est l’histoire entre l’auteur et sa page et son
histoire et ce qu’il doit laisser monter en lui pour être capable de le
transcrire. Ce n’est pas simple. On ne s’improvise pas écrivain. Il faut
avoir quelque chose à dire et il faut savoir comment le dire.
Lydia : Oui,
c’est sûr. Et aussi, moi, j’apprécie que les gens lisent mes romans, et
merci beaucoup, Béatrix, parce que tu as toujours, justement, été près
de moi, en ayant un regard bienveillant et encourageant sur mon
écriture.
Béatrix : J’ai
beaucoup aimé aussi l’image que tu as couché sur papier en disant que
tu avais compris que je savais que tu avais une améthyste au fond de ton
encrier. Alors ça, vraiment, c’est une image si belle et qui signifie
tellement le sentiment que j’éprouve, non seulement en ta présence, mais
aussi en présence de tes œuvres ou quand je te lis. C’est précieux,
c’est cristallin, il y a du quartz, il y a mille et un symboles qu’on
découvre. Et puis en même temps, c’est une écriture qui nous prend par
la main. On ne sent pas tout d’un coup : « Mais qu’est-ce qu’elle dit? »
et on ne comprend plus rien. Ce n’est pas du tout ce genre de roman ou
d’histoire. Il y a un fil d’Ariane bienveillant, l’auteure nous prend
par la main, elle ne veut pas nous laisser tomber parce qu’elle veut
trop nous faire pénétrer dans son monde.
Lydia : Hum…
Béatrix : Alors, c’est un peu comme ça que j’arriverais à synthétiser l’ensemble de la collection « Les yeux de Florence ».
Lydia : Et que les gens aussi, je le mentionne souvent et aussi sur le site de lydiarenoir.com (Lydia Renoir vous tend la main), se disent, avant de commencer à lire un de mes romans : « Il était une fois », pour être dans un état intérieur particulier.
Béatrix : Et même de se rappeler : « Il était une fois » ou même « Il était deux fois »… parce que, Lydia, on veut les relire, ces romans.
Lydia : (rire) C’est bon. Béatrix, c’est déjà terminé. Merci beaucoup, chère Béatrix, d’avoir été avec nous, ce matin. À très bientôt.
Béatrix : Merci beaucoup. Au revoir!
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